Neuf heures du matin, il fait jour depuis 3h mais le soleil n’arrive pas à fendre les épaisses fumées noires qui entourent le périmètre de ce marché devenu en quelques années la plus grande décharge de déchets électroniques au monde !

Je me faufile à travers des ateliers fait de bric et de broc pour m’avancer vers une étendue gigantesque jonchée de déchets en tout genre, la terre a disparue, elle est comme « brûlée » !

Les gens, pour la plupart des adolescents, sont méfiants, agars, l’air résigné !

Je décide de suivre Koffi, 16 ans, qui transporte sur la tête une carcasse de télévision et qui s’enfonce dans ce désert sombre avec comme seuls souliers des sandalettes…en pneu !

Il me raconte que cela fait 4 ans qu’il travaille ici comme 30 000 de ses congénères pour un revenu quotidien avoisinant les 2€.

Nous avançons encore jusqu’à sentir une chaleur insoutenable puis de sentir les odeurs de matières brûlantes pour enfin y découvrir la lumière, celle des flammes ! Ce sont les « enfants brûleurs » qui récupèrent sans aucune protection le cuivre et tout autre matière toxique provenant des congélateurs , ordinateurs, télévisions…

Les enfants se cachent et s’irritent à la vue de mon appareil que je dois dissimuler, ce dernier deviendra déchet électronique d’ici peu et finira comme 80% des déchets européens, ici, à Agboboshie !

Cet appareil qui aura était témoin comme moi de cette situation intolérable mais malheureusement significative de notre société actuelle, témoin d’un trafic bien organisé et surtout sagement orchestré.

Que faire ? Le chemin est long, très long !

Je m’en vais de ce pas visionner ces images « volées » !

Pour le moment c’est le seul outil que je possède pour avancer !

Nicolas Robert, Lomé, 2019